Datations et tests scientifiques à Glozel

 

 

 

 

Pendant les 75 dernières années les scientifiques ont employé un certain nombre de méthodes pour mieux comprendre les objets façonnés à Glozel.

Les premiers essais, les analyses chimiques faites dans les années 20, ont été employées pour recueillir des informations sur la composition du verre et de la poterie trouvés à Glozel. Le verre et les signes de vitrification sont nombreux à Glozel; les verriers étaient nombreux en Montagne bourbonnaise au Moyen-Age comme le prouvent les fours qu'ils ont laissé en vestige (ils ont d'ailleurs laissé leur nom au Plateau de la Verrerie, partie de la Montagne bourbonnaise proche de Roanne). On peut supposer qu'un verrier a pu occuper le site mais aussi qu'un homme (ou une femme) maitrisant cette pratique a fabriqué des objets de verre pour un usage cultuel et que des verres ont pu être apportés par des personnes de passage.

 Les analyses chimiques ont permis d'analyser les os pour donner leur âge.

Les résultats des premières analyses sur le verre et sur les poteries ont été confirmés par les tests plus récents faits dans les années 90.

Les analyses actuelles ont conjugué les techniques du Carbone 14 sur 12 objets en os, les techniques de la composition chimique de 128 fragments d'os humains ou objets en os fabriqués ou gravés, et les techniques de la thermoluminescence pour 68 objets en terre cuite.

 

Thermoluminescence

Dans les années 70, le physicien suédois, Mejdahl a employé une nouvelle technique de datation des céramiques de Glozel : la thermoluminescence. De manière simplifiée voilà en quoi elle consiste :

La thermoluminescence mesure les modifications qu'a subi un minéral lorsqu'il a été exposé à la radiation naturelle de son environnement. Le nombre de modifications  est en fonction du temps écoulé, le chercheur dénombre donc ces modifications pour connaitre l'âge de l'objet. Si un minéral est chauffé à une température importante (de l'ordre de 500°c), il perd les modifications qu'il a subi auparavant et son horloge archéologique est remise à 0. Pour les céramiques de Glozel, celles qui sont passées dans un four suffisamment chaud, on peut donc obtenir la date de fabrication de l'objet (leur horloge s'étant calée à 0 le jour de fabrication, la radiation naturelle opérant sur l'objet à partir de ce jour là). Voilà de façon simplifiée le fonctionnement de ces mesures à la thermoluminescence.

Les résultats qu'obtient Mejdahl place Glozel dans la période celtique pour ces céramiques, entre 700av JC et 100 ap JC. Un morceau de tablette à signes est daté de 500 av JC. Les archéologues français refusent alors de tenir compte de ces datations, contestant l'interprétation des résultats en rapport avec les conditions de prélèvement des échantillons. La datation par thermoluminescence exige que l'on mesure la teneur en éléments radiocatifs du sol environnant et il est recommandé de prélever l'échantillon du sol au moment où l'objet est mis au jour. La première datation de V. Mejdhal a été faite sur des objets du musée. Après ces premiers résultats exploratoires, pour confirmer la datation dans des conditions scientifiques valables, Mejdhal est revenu sur le site et, avec un autre savant, par un sondage, a prélevé dans le site simultanément des objets et un échantillon du sol. La datation des céramiques sera confirmée. Il prouvera aussi que les objets sont faits de la même argile que celle du site. Ce prélèvement a été passé sous silence, considérant qu'il enfreignait la loi de 1941 sur les fouilles  ("Nul ne peut effectuer....des fouilles ou des sondages à l'effet de recherches de monuments ou d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'art ou l'archéologie sans en avoir au préalable obtenu l'autorisation"). Mais Glozel, à l'époque, présente une particularité : c'est que l'Etat avait fait savoir que le site ne présentait pas d'intérêt pour l'archéologie (en 1928 : "La Commission considérant que Glozel ne lui parait présenter aucun  caractère préhistorique, propose au ministre de ne pas maintenir le classement par instance..."). De plus Mejdhal n'a pas opéré ce sondage à "effet de recherches...d'objets" mais à des fins d'étude d'objets déjà découverts. L'infraction de Mejdhal aurait été fortement atténuée par ces motifs. Il y eut pour résultat que ces datations et ces analyses virent leur portée amoindrie et passée sous silence par le monde scientifique (par contre la presse de l'époque s'en fait le relais; l'intérêt pour Glozel renaît et le classement du site deviendra indispensable pour le protéger des nombreux curieux qui pourraient être tenté de le polluer). Les antiglozéliens ne retiendront que la première analyse faite sans prélèvement du sol et qui, pourtant, sera bien confirmée par celle opérée avec prélèvement.

 

En 1979, un groupe de chercheurs effectue 39 datations à la thermoluminescence sur 27 objets façonnés. Les dates se divisent en 3 groupes :

-une période allant de 300 avant JC à 300 ap JC (pour 15 objets, dont des lampes, des urnes à visage, des vases, une bobine)

-une période médiévale, autour des 13ème et 14ème siècle (8 morceaux, dont 4 issus de l'industrie du verre et 4 déterrés près de la fosse ovale; ces quatre objets sont une tablette, un symbole phallique, une impression de main et une urne à visage)

-une période plus récente jusqu'au 19ème siècle.

Il est difficile de comprendre comment ces objets ont pu être façonnés au 13ème siècle ou même après. L'explication vient peut-être des recherches de Barbetti  qui a constaté que la tablette trouvée et qui a été datée du 13ème, avait été chauffée à deux reprises. Une première fois à plus de 500°c (sûrement lors de sa fabrication à l'époque celtique) et une deuxième fois à une température un peu plus faible. L'horloge archéologique de cette tablette, du symbole phallique et de l'urne a sûrement été remise à 0 lorsque les artisans verriers ont utilisé la fosse ovale comme four. La chaleur de ce four s'est communiquée à son environnement proche, remettant l'horloge de thermoluminescence de ces objets au niveau 0.

 

En 1983, de nouveaux tests ont été pratiqués au laboratoire d'Oxford sur 5 échantillons de céramique trouvés près de la fosse ovale. Les dates s'échelonnent de 400 à l'époque médiévale et ne peuvent être expliquées que par ce réajustement de l'horloge de thermoluminescence.

Des dates encore plus récentes ont été trouvées et peuvent aussi s'expliquer par ce phénomène; des traces d'un feu de champ (daté de 1880 à 1900), des racines carbonisées, de charbon, ayant été trouvées, a pu avoir le même rôle que le four et remettre à 0 l'horloge des objets trouvés et datés d'époque récente. 

On peut aussi admettre que les tablettes ou autres objets datés tardivement ont pu être l'oeuvre des verriers qui, du fait de leur profession, opéraient des rites  s'inspirant de l'alchimie. En s'approvisionnant en matière première sur ce site de Glozel, ont-ils trouver par accident des tablettes inscrites et ont recopiés ces tablettes, qui pour eux, pouvaient apparaitre comme magiques ?

 

Analyses sur le verre de Glozel

Le verre présent à Glozel date de l'époque médiévale, et sur ce point, aucun doute ne peut être permis.  Le verre analysé dans les années 20, a encore été analysé dans les années 90 à Toronto. Les résultats concordent. 7 types de verre ont été identifiés. 3 sont typiques de l'époque médiévale française (caractérisé par une forte teneur en potassium). Ils semblent avoir été fabriqués avec le sable du Vareille (petite rivière jouxtant le Champ des Morts et traversant la vallée où se situe le champ de fouilles de Glozel). 3 autres sortes de verre ont une origine non déterminée. Une septième sorte de verre semble avoir été importé du Proche Orient (comporte un taux élevé de sodium et ne semble pas avoir été produit à Glozel). Ces verres ont-ils été produits sur le site même de Glozel ou ont-ils été amenés lors de différents cultes ? 

 

Analyses de l'argile des céramiques

Les analyses de la céramique de Glozel, notamment d'une tablette, ont été effectuées à l'aide d'un microscope en 1928 pour identifier les constituants de l'argile. Un échantillon d'argile de Glozel cru examiné par Bruet, a révélé qu'il comportait en mêmes proportions les mêmes minerais, permettant de conclure que l'argile de Glozel était bien celui à l'origine des céramiques

 

Analyses des os

En 1928, 9 os de Glozel ont été chimiquement analysés par le laboratoire de la Police de Paris. Il faut savoir que l'on peut avoir des renseignements sur l'âge d'un os en fonction de son taux d'azote. Un os moderne contient environ 4% d'azote, l'os néolithique, lui, a un taux d'azote variant de 0,1% à 2,9%.

Les 9 os analysés en 1928  possédaient un taux de 0,3% à 2,5% prouvant qu'ils étaient anciens. Le taux le plus bas ayant été mesuré sur un capride sculpté, sur 2 alênes et 1 poinçon.

En 1976, de nouvelles analyses par le même procédé sont opérées. Elles concernent 14 morceaux d'os, non décorés et non humains. 10 d'entre eux donnent un taux variant de 0,2% à 0,7%. Une analyse sur un os de mouton trouvé à Glozel donne un taux de 0,1% à 0,6%. Ils sont clairement d'origine ancienne. On avance la date de 3000 av JC à 10 ap JC.

Morlet, lorsqu'il écoute parler de son invention à la fin des années 40, va demander à ce que des tests au Carbone 14 soient appliqués aux os de Glozel. On est alors aux premiers tâtonnements de cette techniques et les premiers résultats ne sont pas assez fiables pour être publiés. Ces analyses demandent une bonne quantité de l'os à étudier et sa destruction.

En 1974, la technique est au point et une dent de bœuf trouvée dans une urne est analysée en Écosse, à Édimbourg. Elle daterait de 200 ap JC. Cette date est proche de celle obtenue par thermoluminescence pour les céramiques de Glozel, et donc de l'urne qui la contenait. En tout 15 échantillons osseux non humains seront alors analysés . Certains seront analysés comme étant vieux de plus de 17 000 ans (mais il semblerait que l'échantillon ait été contaminé par une sorte de cire).

En 1995, 2 petits tubes décorés en os sont envoyés en Arizona pour une analyse au C14. On les date du XIIIème et XIVème siècle ap JC. Une poignée de poignard gravée avec un renne et des signes a été datée du XIIIème siècle. L'examen de l'objet au microscope électronique à balayage indique que la gravure des motifs a été faite quand l'os était frais, soit au XIIIème siècle. Un morceau de fémur gauche est daté de 1400 ap JC, un harpon du XVIème siècle.

En 1997, 62 os sont prélevés au musée (dont 12 os humains). Les taux se situent entre 0,5% et 4,2%. Un de ces objets, analysé chimiquement en 1928 et en 1997, un hameçon, donnera un taux de 2,1% (2% pour le résultat de 1928). Les analyses de 1928 sont donc confirmées par celles de 1997.

 

D'après ces analyses il semble que 32 des 50 objets gravés analysés soient d'origine médiévale. 4 os humains sur 5 datent de la période médiévale  tout comme 4 harpons.

 

Magnétomètre à protons

En 1974, Mme Lemercier (du Centre d'Études Nucléaires de Grenoble) effectue  une investigation minutieuse du Champs des Morts au magnétomètre à protons. La confrontation et la comparaison de la couverture aérienne avec les résultats de cette investigation montre alors qu'il subsiste des structures inviolées sur le site de Glozel comme sur les terrains avoisinant. Morlet, comme il l'avait déclaré avant sa mort, a bel et bien laissé leur chance aux générations futures pour qu'elles étudient Glozel et surtout qu'elles le comprennent.

 

Les fouilles de 1983

A partir de 1941, les fouilles archéologiques ne sont plus possibles sans autorisation ministérielle (Loi Carcopino). Le site de Glozel va alors demeurer intact jusqu'à ce qu'en 1983, le Ministère de la Culture entreprenne de nouvelles fouilles.

Le rapport complet ne sera jamais publié mais un résumé de 13 pages est rendu public en 1995.

Les auteurs estiment alors que le site est médiéval, qu'il contient tout de même des objets de l'Age du fer et qu'il a été pollué par quelques contrefaçons d'origine inconnue. Rien ne permet de classer Glozel de manière catégorique, les fouilles des années 80 sont elles-aussi critiquées et seules les datations effectuées prouvent qu'Émile Fradin n'est en aucun cas un faussaire puisque si objets récents il y a , ceux-ci sont tout de même trop anciens pour avoir été façonnés par lui ou sa famille.

Pour beaucoup les informations concernant la fouille sont peu concluantes. Les fouilles se sont déroulées sur cinq jours sur le site du Champs des Morts et sur cinq excavations d'un secteur déjà fouillé par le docteur Morlet. Pas très étonnant alors de ne pas déterrer d'objets glozéliens quand on sait que Morlet en déterra 3000 et qu'il épuisa sans doute ces secteurs fouillés. L'analyse des pollens fut inutile pour toute datation, ceux-ci étant probablement des pollen d'origine récente ayant contaminé ces secteurs de fouilles au début du siècle. Des analyses récentes montrent que des prélèvements extérieurs mais proches de cette zone, révèlent que les pollens ne se conservent pas dans ce type de sol à la profondeur où les objets de Glozel ont été trouvés.

 

Les analyses de la fin des années 90

A l'initiative du C.I.E.R (Centre International d'Étude et de Recherche) qui travaille sur le cas de Glozel, les analyses de la fin des années 90 permettent de se baser sur des datations plus claires et qui confirment l'authenticité du site. Ces analyses ont été effectuées dans certains des plus grands laboratoires européens et américains. Beaucoup confirment des datations effectuées auparavant dans les années 70 (nous les reprendrons donc).

 

Voici quelques datations au carbone 14 et à la thermoluminescence obtenues à partir de 1974:

De 100 av J.C. à 100 ap J.C.   Tablettes à inscriptions , urnes à visage, objets en argile cuite (thermoluminescence en 1974-1978-1983)

De 30 ap J.C. à 230 ap J.C.     Dent de bœuf trouvée à Glozel (carbone 14 en 1975)

De 340 ap J.C. à 530 ap J.C.    Os humains de Glozel (carbone 14 en 1984)

De 1020 ap J.C. à 1220 ap J.C.  Os humains (carbone 14 en 1984)

De 1250 ap J.C. à 1390 ap J.C. Tubes en os gravés, trouvés dans la tombe II (carbone 14 en 1995-1998)

1250 ap J.C. Travail du verre à Glozel

1250 ap J.C. à 1410 ap J.C. Os décoré d'un troupeau de chevaux + symboles, os décoré d'un renne

1260 ap J.C. à 1410 ap J.C. Poignard en os gravé d'un renne (carbone 14 en 1997)

1300 ap J.C. Harpon en corne (carbone 14 en 1998). 3 autres harpons semblent dater de la même période (leur analyse chimique est similaire à celle  du harpon en corne).

1400 ap J.C. à 1490 ap J.C. Os humains (carbone 14 en 1984)

 

 

Sources : Actes du 2ème, 3ème, 4ème colloque Glozel. C.I.E.R.

                Histoire et Archéologie, les Dossiers, 1983