Définition de l'archéologie et travail de l'archéologue

 

fouille de Pincevent

C'est la science de l'étude des restes matériels (aussi bien les bâtiments, les infrastructures que le petit mobilier,...) laissés par les hommes du passé.  L'étude de ces traces permet  à l'archéologue de se faire une idée de la vie de ces hommes.

L'archéologue intervient sur le terrain en procédant à des fouilles qui peuvent être :

-des fouilles de sauvetage, faites dans l'urgence pour sauver les restes d'un site mis en péril par une intervention humaine (en cas de construction d'une route ou de barrage par exemple). On estime qu'environ 3000 sites disparaissent chaque année sur le territoire français lors de travaux d'aménagement ou de construction d'édifices. L'un des épisodes les plus connus de saccages de vestiges anciens date de 1857, date à laquelle la municipalité de Poitiers vendit un amphithéâtre romain (le plus vaste de Gaule) à une entreprise pour empierrer les routes. Cet épisode date de 150 ans mais ne perdons pas de vue que la destruction de vestiges anciens continue de nos jours. Ces fouilles de sauvetage ont de nos jours laissé place aux fouilles préventives.

-des fouilles préventives (pour protéger le patrimoine archéologique en danger potentiel). On peut les pratiquer, par exemple, en cas de construction pouvant entraîner des destructions du sous-sol d'une partie du centre ville dans laquelle se trouve des vestiges d'époque romaine ou médiévale. Les fouilles préventives sont bien plus nombreuses  que les fouilles programmées : en 1996, on a dénombré  3162 fouilles préventives contre 469 programmées. Sur les 450km du TGV Nord, il y eut de 1988 à 1991, 165 sites repérés et 90 fouillés. Malheureusement les moyens financiers limitent ces fouilles. Quand 100fr suffisaient pour fouiller le premier village mérovingien mis au jour an 1965 à proximité de Douai, aujourd'hui le budget nécessaire à la fouille préventive d'un parking dans le centre de Marseille est de 5 millions d'euros. Pour l'installation de Toyota à Valenciennes, ce sont 200 hectares avec 22 sites repérés qui ont été chamboulés. 1,5 million d'euros auraient été nécessaires, faute d'obtenir une telle somme, la surface des fouilles a été réduite.

-des fouilles programmées (elles découlent d'un programme mis en place par la communauté scientifique). La carte archéologique de la France représente  300 000 sites recensés sur le million estimé.

-les fouilles à l'étranger. Environ 150 missions par an.

Le ministère de la Culture assure l'essentiel des financements, le CNRS met à disposition les archéologues et les paye.

 

Des lois pour défendre les vestiges archéologiques

L'historien Jérôme Carcopino met au point la loi du 27 septembre 1941, qui, validée en 1945, réglemente aujourd'hui les fouilles archéologiques sur le territoire français et dans les départements d'outre-mer. L'ouverture de fouilles archéologiques est subordonnée à l'autorisation de l'État (ministère chargé de la Culture) rendant obligatoire la déclaration immédiate de toute découverte fortuite à l'administration compétente et prévoyant, pour le service public, la possibilité d'entreprendre celles qui sembleraient nécessaires. C'est la théorie, car dans la pratique, la notion de patrimoine archéologique n'est pas encore dans les mentalités. Dans les années 70, des scandales éclatent, alertant l'opinion. A Lyon, des entrepreneurs ont massacré sans vergogne des vestiges en plein cœur de la ville romaine; à Orléans, un promoteur qui voulait construire un parking souterrain, a détruit en une nuit, au bulldozer, tout un cimetière médiéval, déménageant les ossements dans des camions bâchés pour que cela ne se remarque pas.

Les techniques de construction modernes sont pour beaucoup dans cette situation inquiétante pour le patrimoine archéologique : le creusement systématique à la pelle mécanique entraîne de nombreuses destructions. En 1977, un article est ajouté au code de l'urbanisme prévoyant que l'obtention d'un permis de construire peut être ajournée ou suspendue "si les constructions sont de nature, par leur localisation, à compromettre la conservation ou la mise en valeur d'un site ou de vestiges archéologiques". La loi de décentralisation de 1982 renforce le pouvoir régalien de l'État sur tout ce qui touche au patrimoine: l'État  "exerce un contrôle technique sur l'activité du personnel scientifique et technique des communes, départements et régions, chargés de procéder à l'étude, à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine". La convention de Malte adoptée par le Conseil de l'Europe en 1989, ratifiée par la France en 1994 et entrée en application en 1996, va dans le même sens.

 

 

Des techniques de fouilles

Depuis les premières investigations sur l'Antiquité, la recherche a pu véritablement progresser en observant le phénomène de stratigraphie qui veut que les couches les plus anciennes relatives à l'occupation humaine d'un site soient les plus profondément enfouies et soient surmontées de niveaux de plus en plus récents au fur et à mesure que l'on se rapproche de la surface du sol. En l'absence d'une datation absolue des vestiges et du mobilier mis au jour (permise par des monnaies, inscriptions, etc.), la stratigraphie permet d'établir une datation relative des structures découvertes et de comprendre les différentes phases de l'occupation révélée par celles-ci.

La fouille est une activité destructrice, il faut récupérer le maximum d'observations permettant de reconstituer à tout moment la disposition des vestiges à l'intérieur du site étudié. Il est donc nécessaire d'enregistrer tous les objets dans l'espace, en trois dimensions, en plan et en profondeur (x-y et z), de manière à re-situer le plus précisément leur position mais aussi leurs rapports entre eux. 

Avant la fouille on quadrille le site selon deux grands axes perpendiculaires (x et y) pour le repérage en plan. Un axe vertical (z) permet le repérage en altitude ou en profondeur. Sur l'axe X, chaque segment d'un mètre est désigné par une lettre :A, B, C, etc... Sur l'axe Y, chaque segment d'un mètre est désigné par un chiffre : 1,2,3, etc.... Le croisement des lignes ainsi définies détermine un carroyage dont chaque carré porte un matricule résultant de la rencontre de deux segments x et y (par exemple B3, comme à la bataille navale).

La profondeur des objets est aussi importante. On choisit un point de référence : le point 0 qui ne doit pas bouger. L'axe vertical obtenu sera Z. Lors de la fouille, la profondeur de chaque objet sera mesurée par rapport à ce point 0, soit à l'aide d'une lunette de visée de géomètre, soit avec un niveau à bulle vertical, tous deux préalablement réglés sur le point 0. Cela fait, il va être possible de fouiller après avoir tendu des fils à plomb qui matérialisent le quadrillage. 

L'archéologue effectue le "décapage du sol" à l'aide d'instruments non tranchants (grattoir en plastique, pinceau, petite pelle, seau et tamis).

Le relevé des vestiges s'effectue lorsque l'ensemble des objets d'un niveau est dégagé. Coordonnées de l'objet par rapport à X et Y, profondeur Z par rapport à 0, l'archéologue donne un numéro à chaque objet. L'objet est ensuite dessiné en position sur un papier quadrillé. L'objet est ensuite emballé, avec mention du carré d'origine et numéro. Lavé, il sera ensuite marqué à l'encre de Chine.

 

Une fois tous les obstacles de la fouille passés, l'archéologue déplace ensuite son étude des vestiges dans le cadre de son laboratoire avec des techniques comme le carbone 14, la thermoluminescence qui lui permettent de dater les objets. Les pièces mises au jour nécessitent souvent des restaurations. Les céramiques sont reconstituées par type pour mettre en évidence l'évolution des objets utilisés.

 

Les collaborateurs de l'archéologue

 

 

L'archéologue est un peu le chef d'orchestre de l'étude des restes anciens, il fera la synthèse de tout ce que les sciences et techniques annexes lui auront permis d'apprendre.

 

Voici quelques uns des collaborateurs scientifiques et quelques unes des techniques qui lui permettront de mieux connaître la vie des hommes du passé:

 

 

sources : La vie des hommes de la Préhistoire (Brigitte et Gilles Deluc) Éditions Ouest France; Historia Spécial 54

 

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